J'ai rendu ma thèse!!

Publié le par Ophélie

Bonjour!

Mon dernier article date d'il y a un an et demi, c'est une honte! Mais ça y est, j'ai rendu ma thèse! Dans cet article je vais donc vous parler de ma dernière année de doctorat, et vous comprendrez sans doute pourquoi je n'ai pas posté récemment... Je vais essayer de garder mon retour sur le doctorat, ce que j'en pense, ce que je ferais différemment pour plus tard (dans un an lol) et juste expliquer comment s'est passé la dernière année.

Depuis juin 2021 donc, j'ai fini de collecter mes données, et j'ai donc passé toute ma dernière année à rédiger ma thèse. Certains doctorants commencent à écrire durant leurs premiers mois, je me rappelle voir mes camarades en littérature notamment déjà avoir leur plan, écrire leurs chapitres après deux mois, alors que de mon côté je ne savais même pas encore vraiment ce que j'allais étudier. Je ne pouvais pas écrire, puisque je n'avais pas encore mes données. Même ma revue de littérature, je l'ai bien sûr commencée en premier, mais ça a aussi été la toute dernière chose que j'ai terminée, le sujet de ma thèse étant le Brexit, il n’y avait presque rien en 2019, et de nouvelles études sortent tous les mois à présent. Donc première chose si jamais vous êtes dans cette situation où vous voyez des gens écrire dès le début et que vous vous ne pouvez pas, c’est normal. C’est stressant à voir, mais c’est normal.

Beaucoup de sucre a été nécessaire à la rédaction de cette thèse.
Beaucoup de sucre a été nécessaire à la rédaction de cette thèse.
Beaucoup de sucre a été nécessaire à la rédaction de cette thèse.

Beaucoup de sucre a été nécessaire à la rédaction de cette thèse.

Donc voilà ce qu’a été mon année, j’écrivais un chapitre, je l’envoyais à mes superviseurs, ils me le renvoyaient avec leurs corrections, je pleurais 2min, je corrigeais, et je passais au chapitre suivant.

Petit point intéressant à ce sujet, on m’avait dit au début de ma thèse que recevoir un feedback sur quelque chose que tu as écrit était toujours difficile, mais qu’on s’y habituait avec le temps. Je suis très sensible, perfectionniste, je déteste décevoir, donc je ne voyais pas comment je pourrais un jour ne pas pleurer en recevant un chapitre sur lequel j’ai passé des heures recevoir des centaines de choses à modifier. Et pourtant, c’est vrai. Au début, ça me prenait des jours ne serait-ce que pour lire les commentaires, j’attendais d’être dans un bon état d’esprit, et après ça, ça me prenait toujours du temps pour digérer. Et puis chapitre après chapitre, ça s’améliorait. Ce n’est jamais agréable, mais j’ai fini par comprendre que recevoir plein de commentaires ne signifiait pas que mon travail était mauvais, mais que j’étais arrivée à un niveau où l’on n’attendait pas moins que l’excellence, voire la perfection si c’était possible. J’ai eu la chance d’avoir des superviseurs bienveillants qui savaient communiquer avec moi et me rassurer sur la qualité de mon travail lors de nos réunions mensuelles. J’ai beaucoup grandi de ce côté-là, je n’aime bien évidemment toujours pas la critique, mais je l’accepte un peu mieux qu’il y a 4 ans.

A côté de ça bien sûr, j’enseignais (et j’enseigne toujours) beaucoup, toujours de la linguistique et du français principalement. Je suis module leader pour deux cours et je supervise des dissertations de troisième année, j’en parlerai sans doute plus en détail un jour, mais du coup j’avais pas mal de boulot, comme toujours. Et c’est aussi un point sur lequel je reviendrai sans doute en détail un jour, mais ne culpabilisez pas parce que vous n’avancez pas au même niveau que d’autres doctorants. Chaque doctorat est différent. Dans mon cas, j’ai dû financer ma thèse moi-même, j’ai donc beaucoup enseigné (ce qui est une bonne chose pour mon CV !). J’ai aussi dû me débrouiller pour repenser ma méthodologie complètement quand le Covid est arrivé puisque je devais à la base faire le tour du Royaume-Uni pour faire des interviews. J’ai eu plusieurs challenges. Et on en a tous. Certains ont des enfants pendant leur thèse, certains vont publier plus d’articles que vous, mais finiront leur thèse deux ans plus tard, certains feront plein de conférences mais n’auront jamais donné de cours. Soyez fiers de votre parcours.

J’ai d’ailleurs présenté à pas mal de petites conférences et séminaires tout au long de ma thèse. Au début surtout au sein de mon université, c’est rassurant, c’est bienveillant, et ça éclaire énormément. Commencez dès que vous pouvez, être capable d’expliquer ce que vous faites vous aide à mieux comprendre vous-mêmes ce que vous faites ! C’est aussi une bonne façon de discuter de vos idées, parfois d’en avoir de nouvelles, de partager avec des gens dans votre situation, et de gagner en confiance en vous et votre travail. A chaque fois qu’on me disait après une présentation que mon sujet était passionnant, ça me redonnait de l’énergie pour continuer. Le gros événement pour moi de 2022 a été la conférence de l’AFLS à Exeter en juillet. C’était ma première conférence avec des spécialistes dans mon domaine, des gens que je cite dans ma thèse étaient là pour m’écouter parler de ce que j’avais découvert, c’était hyper stressant au début, mais hyper enrichissant. J’ai eu la chance de me retrouver entourée de chercheurs au final très simples et encore une fois bienveillants, j’ai tellement appris !

A l'université d'Exeter pour une conférence en études francophones.

A l'université d'Exeter pour une conférence en études francophones.

Anyway, je voudrais à présent revenir sur mes derniers de mois de thèse parce que soyons honnêtes, je pense avoir fait deux burnouts cette année. Le premier vers avril, principalement à cause du voisin insupportable qui mettait sa musique à fond tout le temps, ce qui m’empêchait de travailler et me rendait littéralement folle, je me mettais à pleurer de rage parce que j’avais l’impression d’être débordée par le travail (à la fois la thèse et les cours) et que je n’allais jamais y arriver. Heureusement je suis rentrée en France cet été et j’ai pu terminer mon brouillon final au calme.

Mais une fois que mes superviseurs m’ont renvoyé leurs corrections pour ce tout dernier brouillon à la rentrée, j’ai connu la plus grosse baisse de motivation depuis le tout début de ma thèse, et j’avoue ne pas l’avoir vu venir.

Ce qu’il s’est passé, c’est que j’ai toujours été dans les temps, et que mon but a toujours été de finir avant octobre 2022, ce qui me permettrait notamment de ne pas payer une 4ème année, et d’avoir ma remise de diplôme en juillet 2023 pour que mes parents puissent y assister. Mon plan était donc de travailler sur mes dernières corrections en septembre, avant de reprendre les cours. Pendant ce temps, je n’arrêtais pas de recevoir des mails me disant que je devais me réinscrire en 4ème année. J’ai donc écrit à l’école doctorale pour leur dire que je n’avais pas besoin de m’inscrire vu que j’allais renvoyer ma thèse au plus tard le 15 octobre. Et là, ils m’ont dit que si, je devais être inscrite (et donc payer !) jusqu’à ce qu’on me donne mon diplôme ! Quelle arnaque ! J’ai fini, il ne me reste plus qu’à envoyer et avoir ma défense ! Je trouve ça lamentable, surtout considérant que je fais partie de la cohorte Covid, où j’ai payé pendant 3 ans sans même avoir accès aux bâtiments ou quoi que ce soit pendant la moitié du temps. Ils pouvaient au moins nous offrir ces derniers mois. Mais bref, ça a été un véritable coup au moral (et au portefeuille) et vu que je n’avais plus de deadline proche, j’ai perdu toute motivation. Pendant plus d’un mois j’ai été incapable de regarder ma thèse, elle me dégoûtait, et donc bien sûr rien n’avançait. C’est quand une collègue m’a dit que ça pouvait prendre des mois pour obtenir une date pour la défense et que du coup la cérémonie en juillet n’était pas garantie que j’ai décidé enfin de m’y mettre, ma dernière chance d’avoir mes parents à ma graduation.

Tout le mois de novembre je n’ai pas eu de vie. J’organisais mes journées heure par heure la veille pour être sûre que pas une minute ne serait perdue. C’est une bonne technique, ça a bien marché pour moi, savoir presque à la minute ce que je devais faire évitait les écarts du type « je vais traîner un peu sur Instagram, oh et si je bossais sur ça plutôt ? Oh mince j’ai oublié que je devais faire ça… ».

Les dernières semaines j’étais à bout de souffle, épuisée, je n’en pouvais plus, et je n’en voyais pas la fin. Lors des toutes dernières corrections, j’ai entendu la voix de ma superviseure il y a quelques temps qui m’avait dit « a perfect thesis is a submitted one » et j’ai décidé que good is good enough et que je n’avais pas à viser la perfection, parce que de toute façon je n’avais plus d’énergie. J’ai donc fait au mieux, et un jour j’ai dit c’est bon ça suffit. Je suis allée la faire imprimer pour faire ma dernière relecture.

Je l’ai envoyée le vendredi 16 décembre vers 18h30. J’ai entendu toutes sortes de choses sur comment les gens se sentent quand ils rendent leur thèse, et beaucoup disaient qu’ils ne ressentaient pas de la joie. Et c’est vrai. Bizarrement j’ai eu plein d’émotions à la fois, mais pas de la joie sur le coup. Au moment de l’envoyer j’ai eu la nausée, j'avais l'impression, d'être malade. Ensuite j’ai pleuré, ce à quoi je m’attendais vu que j’ai beeeeaucoup pleuré ces dernières années souvent sans raison. Enfin, tout le reste de la soirée je me suis sentie vide. Ça ne me semblait pas réel. Je n’avais envie de rien faire. Je pensais à toutes les choses que je veux faire depuis 3 ans, et je n’avais envie de rien. J’ai voulu me récompenser en mangeant quelque chose de bon mais je n’avais envie de rien… J’ai fini par prendre l’air, je suis passée devant un Taco Bell, je ne crois pas y avoir déjà mangé alors j’ai commandé deux trois trucs que j’ai mangés seule chez moi. C’était dégueulasse.  Je n’y retournerai pas.

Je pensais qu’au moment où je cliquerais sur le bouton « submit » j’aurais eu envie de le crier sur tous les toits, mais non, j’ai eu envie de le garder pour moi quelques jours.

Qu’est-ce qui va se passer maintenant ? Déjà je vais rentrer chez moi et profiter des vacances, pour la première fois depuis des années sans avoir à penser à quoi que ce soit. Ensuite, je devrais dans quelques mois (j’espère pas trop tard !) passer ma soutenance (« Viva » ils appellent ça ici). Après si je passe, j’aurai des corrections à faire, et je pourrai enfin la renvoyer pour de bon. Bref, ce n’est pas fini, attendez vous à m’entendre parler de ma thèse pendant encore plusieurs mois.

C'est cadeau, mon déguisement d'Halloween 2022.

C'est cadeau, mon déguisement d'Halloween 2022.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article